by IAC Villeurbanne
* Pace, 2014-2028, 2009
Pace est une édition de quinze impressions différentes sur papier, collées sur aluminium, à partir du même motif du drapeau de la paix. Les tirages se distinguent les uns des autres simplement par le fait qu’ils perdent de l’opacité et du contraste au fur et à mesure.
La première utilisation du drapeau arc-en-ciel date de 1961 lors d’une marche pour la paix, il s’inspirait alors des drapeaux multicolores employés dans des manifestations contre les armes nucléaires. Ce drapeau est devenu très populaire avec la campagne de 2002, commencée comme une protestation contre la guerre en Irak. Accroché sur de nombreux balcons, notamment en Italie (« Pace da tutti i balconi »), ils se décoloraient peu à peu. « Paix » en italien, le mot « pace » peut aussi se lire en anglais comme le « rythme », celui qui est notamment donné par la déclinaison des sept couleurs, ainsi que par les dégradés de tons accrochés ici. Le drapeau de la paix est proche également du drapeau de la communauté homosexuelle (à six bandes colorées). En lisant à contre-sens cette partition (de droite à gauche), on peut voir son évolution chromatique vers l’effacement comme une affirmation de la paix (le blanc) ou bien comme une métaphore de la dégradation de l’engagement.
L’image de Pace est un dessin vectoriel et peut être traduite en texte. Ainsi, chaque partie de l’image correspond à des coordonnées de chiffres et de lettres, selon le code SVG, dans lequel Denicolai & Provoost ont caché le certificat d’authenticité de la pièce. L’image, constituée du mot « PACE » froissé comme un drapeau qui pend, et de la ligne du pli, est donnée par les artistes sous licence libre (copyleft). Elle peut donc être librement copiée, modifiée, diffusée par le net, tant que l’historique des auteurs est mentionné. Le collectionneur ou l’institution qui achète un ou plusieurs exemplaires de cette édition reçoit donc en même temps le certificat et la possibilité de rendre libre l’image. Les artistes incluent ainsi dans le même objet le fonctionnement classique, protectionniste, du marché de l’art, et un piratage positif de ce fonctionnement via le copyleft.